Développement des filières agricoles à Bas Niveaux d’Intrants (BNI)
Que sont les intrants et leurs impacts ?
Les intrants constituent un ensemble de produits apportés à un champ cultivé dans le but d’améliorer le rendement : produits fertilisants, produits phytosanitaires et régulateurs de croissance. Lorsque ces intrants sont utilisés en excès par rapport aux besoins de la plante ou à ses capacités de dégradation, ils peuvent constituer une pollution diffuse via des processus de volatilisation et de libération dans l’atmosphère ou de lixiviation et d’accumulation dans la ressource en eau.
Comment concilier développement agricole et préservation de la ressource en eau ?
Avec une Surface Agricole Utile (SAU) d’environ 75 000 hectares en 2020, soit plus de 80% du territoire, l’activité agricole est la plus représentée sur le bassin versant de la Juine. Elle constitue un enjeu majeur vis-à-vis de la préservation de la ressource en eau et fait l’objet d’une attention particulière dans le contrat de territoire eau, climat et trame verte et bleue sur la période 2020-2024. En effet, ce contrat intègre la stratégie de développement des filières à bas niveaux d’intrants sur le bassin versant de la Juine sur cette même période. Cette stratégie, divisée en trois axes, prévoit la réalisation de plus de 50 actions et la mobilisation de 24 maîtres d’ouvrages différents. La finalité de cette stratégie est de sensibiliser les acteurs, de nouer des partenariats et de proposer des solutions techniques et financières afin d’agir en faveur de la transition agro-écologique tout en favorisant le développement des exploitations agricoles.
Vidéo sur l’agriculture locale et la restauration collective
Axe 1 – Le développement des filières BNI déjà présentes
Le 1er axe concerne le développement de deux filières agricoles : l’agriculture biologique et le chanvre. L’agriculture biologique bénéficie d’une importante dynamique de conversion sur le bassin versant de la Juine et de nombreux débouchés en circuits-courts.
Cette filière, soutenue par l’Agence de l’Eau Seine Normandie dans le cadre de son XIème programme d’intervention, fait également appel à de nombreux acteurs et partenaires du SIARJA tels que la Chambre d’Agriculture d’Île-de-France, le Groupement des Agriculteurs Biologiques d’Île-de-France, Biocentre…
La filière chanvre a l’avantage de disposer d’un transformateur à proximité qui propose diverses possibilités de valorisation et donc des débouchés variés. Après une forte dynamique d’implantation entre 2016 et 2020, cette filière a connu un arrêt de la valorisation au niveau local et repart à la hausse en 2022.
Axe 2 – L’insertion de nouvelles filières BNI
Le 2ème axe concerne l’insertion de trois filières agricoles : l’élevage extensif en systèmes herbagers avec approvisionnements fourragers, le miscanthus et le sarrasin. Concernant l’élevage, l’objectif est d’étudier les opportunités au cas par cas, de promouvoir la polyculture-élevage et de favoriser des cultures fourragères BNI telles que la luzerne et le sainfoin.
Auparavant, l’élevage ovin était répandu sur le bassin versant de la Juine. Il pourrait être de nouveau mis en place sur les parcelles agricoles afin de favoriser un désherbage et une fertilisation naturelles ou parmi les 760 hectares de zones herbagères que possède le bassin versant de la Juine.
Le miscanthus peut être valorisé en énergie ou en tant que matériaux biosourcés et, en plus d’être une culture BNI, cette plante présente des intérêts dans le cadre de la lutte contre le ruissellement et l’érosion des sols agricoles grâce à son aspect buissonnant.
Le sarrasin est une culture BNI qui fertilise naturellement le sol en azote et en phosphore et présente des itinéraires techniques simplifiés. Malgré les nombreux débouchés existants, cette plante mellifère est en encore très peu répandue sur le bassin versant de la Juine.
Axe 3 – L’accompagnement de la transition agroécologique
Le 3ème axe concerne l’accompagnement de la transition agroécologique de cinq filières : les filières céréalières et oléagineuses, le cresson, les plantes à parfums, aromatiques et médicinales (PPAM), les filières diversifiants les assolements et les surfaces agroécologiques.
La 1ère filière concerne principalement l’orge, le blé et le colza et occupe près de 80% de la Surface Agricole Utile. Le cresson est une culture locale qui a la particularité de pousser directement dans l’eau de source. Les PPAM bénéficient d’une animation territoriale spécifique et présente une bonne dynamique en agriculture biologique. La diversification des assolements, avec des betteraves, pommes de terre, pois…, permettent de réduire la pression en termes de ravageurs et de maladies et donc l’utilisation de produits phytosanitaires.
Les surfaces agroécologiques telles que l’agroforesterie, les bandes enherbées et fleuries ou encore les cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN), rendent des services écosystémiques qui permettent de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires et de leur impact sur la ressource en eau.
Vidéo sur l’agriculture et les services environnementaux
Le Projet Agro-Environnemental et Climatique (PAEC)
A quoi correspond le Projet Agro-Environnemental et Climatique (PAEC) ?
Le PAEC est un élément important de la Politique Agricole Commune (PAC). Il permet notamment d’accompagner le changement de pratiques agricoles afin de répondre aux enjeux environnementaux ou de maintenir des pratiques favorables à l’environnement en proposant aux agriculteurs de contractualiser des Mesures Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC).
Sur le bassin versant de la Juine, les enjeux identifiés concernent essentiellement le ruissellement et l’érosion des sols qui peuvent occasionner des coulées boueuses, ainsi que des apports de polluants diffus aux cours d’eau et aux nappes phréatiques. Les enjeux en termes de biodiversité sont également importants sur notre bassin versant où s’entremêlent parcelles agricoles et éléments de la trame verte et bleue (boisements, haies, fossés, mares et zones humides…).
Le PAEC porté par le SIARJA pour la période 2023-2027 est intitulé « Transition et Résilience des Agrosystèmes pour la Mitigation de l’Erosion des Sols et pour la biodiversité sur le bassin versant de la Juine » (TRAMES Juine). Il comporte 5 MAEC Biodiversité.
1) MAEC CIFF – Création de couverts d’intérêt faunistique et floristique
La MAEC Création de couverts d’intérêt faunistique et floristique permet de répondre à divers enjeux tels que la préservation d’une espèce cible ou d’un groupe d’espèces pour maintenir un certain niveau de biodiversité ou encore afin de favoriser le développement d’insectes pollinisateurs et d’auxiliaires de cultures.
Elle contribue de ce fait à l’implantation de surfaces agro-écologiques supplémentaires par rapport aux couverts exigés dans le cadre des Bonnes Conditions Agricoles et Environnementales prévues dans la Politique Agricole Commune (PAC).
2) MAEC CPRA – Création de prairies
La MAEC Création de prairies vise l’implantation et le maintien de couverts herbacés pérennes dans des zones à enjeux.
Un renouvellement unique au cours de la programmation permet de limiter les interventions mécaniques et de contribuer à la préservation de la biodiversité souterraine et à la séquestration de carbone.
3) MAEC IAE1 – Entretien de ligneux
La MAEC Entretien de ligneux permet d’assurer un entretien des haies, des arbres isolés ou en alignement, de la ripisylve et de bosquets selon un cahier des charges bien spécifique. Pour être éligibles, les ligneux doivent être positionnés de manière pertinente par rapport aux enjeux environnementaux et présenter une richesse faunistique.
Ces Infrastructures Agro-Ecologiques doivent également être composées d’une majorité d’espèces franciliennes parmi une liste définie.
4) MAEC IAE2 – Entretien de mares
La MAEC Entretien de mares vise l’entretien des mares et des plans d’eau localisés sur des terres agricoles et ainsi que le renforcement de la fonctionnalité écologique de ces milieux.
Les mares et les plans d’eau constituent des Infrastructures Agro-Ecologiques très importantes pour la préservation de la biodiversité et la régulation des eaux en quantité et en qualité.
Le réseau qu’elles constituent est indispensable au maintien de certaines populations d’espèces inféodées comme les amphibiens. A ce titre, elles doivent être localisées de manière pertinente.
5) MAEC IAE3 – Entretien de fossés
L’objectif de cette MAEC est d’améliorer le rôle épurateur de ces Infrastructures Agro-Ecologique que constituent les fossés, rigoles, canaux en marais…, tout en favorisant le bon écoulement des eaux et de fournir davantage d’habitats et de zones de reproduction.